En France, plus d’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Plus de 20 % des enfants de moins de 18 ans vivaient sous le seuil de pauvreté en 2021, soit 2,75 millions d’enfants.
La pauvreté infantile est bien plus élevée que celle de l’ensemble de la population (14%) et ne cesse de progresser. Les chiffres grimpent encore pour certaines familles : 35 % des enfants en famille monoparentale sont pauvres, ce taux passe à 65 % pour les familles de cinq enfants ou plus.
Ces chiffres sont glaçants. Et derrière ces statistiques, ce sont des millions d’enfants privés d’un logement stable, de chauffage, de repas équilibrés, de soins médicaux ou encore de loisirs. Ce sont des enfances fragilisées, abîmées.
En France, la pauvreté est aggravée par l’inflation, notamment sur les produits de première nécessité (+15 % pour le lait infantile, +12 % pour les couches), et par des politiques publiques qui n’ont pas suivi l’évolution des besoins. Trop d’aides restent sous-indexées, inaccessibles ou insuffisantes.
Face à cette situation, une mission d’information sur la pauvreté infantile a été confiée à la Délégation aux droits des enfants, mais celle-ci a malheureusement été détournée. En effet, plutôt que de se concentrer sur les causes structurelles de la pauvreté (bas salaires, inégalités d’accès au logement, insuffisance des services publics, précarité des familles monoparentales, …), des élus du Rassemblement National ont utilisé cette mission pour avancer des thèses xénophobes.
Le rapport rappelle pourtant que les enfants de parents immigrés sont les plus touchés par la pauvreté (30,6 % contre 12,7 % pour les enfants de familles non immigrées).
Les causes sont connues : discriminations à l’embauche, difficultés d’accès au logement, non-reconnaissance des diplômes, procédures administratives complexes, …
Ces réalités appellent des solutions sociales, pas des exclusions supplémentaires.
Proposer de restreindre l’accès aux droits en fonction du titre de séjour est non seulement inefficace, mais contraire à nos engagements républicains. La Convention internationale des droits de l’enfant et la Constitution française garantissent le droit à l’égalité de traitement, sans distinction d’origine. Il est honteux de voir des élus stigmatiser des enfants plutôt que de les aider.
La pauvreté infantile n’est pas une fatalité. C’est le résultat de choix politiques. Il existe de nombreux leviers pour agir. Il ne manque qu’une vision égalitaire et ambitieuse de certains élus de la République qui préfèrent instrumentaliser la misère pour désigner des boucs émissaires au lieu de s’attaquer aux causes réelles.
La lutte contre la pauvreté infantile est un combat qu’il nous faut mener sans laisser ceux qui ne se préoccupent pas de la protection des enfants détourner cette lutte.