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Edito

Crise politique en France : Bayrou, Macron et l’alliance dangereuse avec l’extrême droite

Table des matières

Chers Français, chères  Françaises, 

Le 25 août, François Bayrou a acté la fin de son gouvernement en annonçant un vote de confiance. Il a ainsi ouvert une période d’instabilité, qui inquiète chacun d’entre nous. Ce vote de confiance est une démission déguisée : François Bayrou préfère fuir plutôt que d’accepter d’intégrer dans son budget les propositions de l’opposition de gauche. Cet entêtement à poursuivre coûte que coûte la politique d’Emmanuel Macron entraîne une instabilité politique sans précédent et dégrade chaque jour la situation de la France. Face aux tentatives de déstabilisations de la Russie, à l’offensive de Trump, il est temps de sortir de la paralysie. 

Des résultats des élections législatives de 2024, il s’est dégagé trois réalités : un rejet massif du Rassemblement national auquel les Français·es ont bloqué l’accès à Matignon ; le rejet de la politique d’Emmanuel Macron, qui a perdu 166 député·es entre 2017 et 2024 ; une Assemblée plurielle, où aucun groupe politique ne dispose d’une majorité. L’instabilité perdurera tant que les gouvernements nommés ne tiendront pas compte de cette nouvelle réalité politique. 

L’entente des gouvernements macronistes avec l’extrême droite est une trahison du vote des électeurs et électrices qui nous entraîne vers le chaos. Michel Barnier ou François Bayrou ont tous deux fait le choix de chercher l’appui de l’extrême droite pour faire adopter leurs textes. Le Rassemblement National a d’ailleurs voté près de 90 % des textes de ce gouvernement, faisant naître une alliance LRN au sein de l’Assemblée, dont le reflet le plus criant est la diatribe haineuse déversée par Bruno Retailleau. Cette collaboration, non seulement, trahit le vote des électeurs et électrices, et, par deux fois, nous entraîne dans l’instabilité, puisqu’elle ne repose que sur des petits intérêts de chapelle. 

Le Président et ses Premiers ministres successifs ont mené une politique brutale qui a mis la France à genoux. Ils ont multiplié les cadeaux fiscaux aux ultrariches et aux multinationales, creusant la dette publique et rognant sur nos services publics. Dit plus clairement, ce sont les milliards de baisse d’impôt non financées qui ont réduit les recettes de l’État et creusé le déficit. Ainsi, entre mi 2023 et fin 2024, le gouvernement a creusé un trou de près de 70 milliards d’euros dans les caisses de l’État. 70 milliards d’euros, c’est ce que le gouvernement voulait économiser avec la réforme des retraites entre 2023 et 2030. 

Et c’est à vous qu’Emmanuel Macron veut aujourd’hui faire payer la facture : suppression de 2 jours fériés, augmentation du prix des médicaments, gel des retraites… ça suffit ! 

Si le gouvernement de François Bayrou est dans l’impasse, c’est parce qu’il ne trace qu’un seul chemin, celui de la politique de l’offre au service des grandes entreprises et des plus fortuné·es. C’est cette politique-là qui est minoritaire à l’Assemblée, mais il est possible de faire autrement et nous l’avons démontré lorsque, le 20 février dernier, la taxe Zucman, cet impôt plancher pour les personnes disposant de plus de 100 millions d’euros, a été adoptée à l’initiative de notre groupe parlementaire. 

Mettre en place cette taxe Zucman sur le patrimoine des ultrariches, l’ISF climatique (20 milliards d’euros pour ces deux mesures), la taxation des héritages les plus élevés (5 milliards) ou encore la contribution accrue des secteurs polluants (1,3 milliard), voilà comment mieux répartir les richesses, assainir nos finances et réaliser les investissements d’avenir indispensable dans l’éducation, la transition écologique et la santé. 

Après 8 ans d’hyperprésidentialisme, nous devons donner le pouvoir au Parlement. Les deux quinquennats d’Emmanuel Macron ont abîmé le débat démocratique. Il faut sortir de la verticalité où tout est imposé depuis l’Élysée ou Matignon pour redonner la responsabilité au Parlement. 

Après trois ans d’une Assemblée nationale sans majorité, certain·es d’entre vous sont peut-être sceptiques sur cette solution. Pourtant, notre groupe, le groupe Écologiste et Social, a fait la démonstration à de nombreuses reprises, et sur de nombreux sujets, qu’il était possible de faire adopter des textes significatifs dans cette Assemblée plurielle. 

Ces dernières années nous avons fait adopter une meilleure indemnisation des dégâts sur les biens immobiliers causés par le retrait-gonflement des argiles, la garantie d’un revenu digne pour les agriculteurs et agricultrices, le remboursement intégral des fauteuils roulants, l’introduction de la notion de consentement dans la définition pénale du viol ; l’interdiction des cigarettes électroniques jetables (ou puffs), l’amélioration de la protection de la population face aux risques liés aux polluants éternels, le renforcement du contrôle du Parlement en période d’expédition des affaires courantes, la publication des cahiers de doléances du « Grand Débat National ». Nous avons même obtenu une majorité sur un texte budgétaire : l’instauration de la taxe Zucman, et cela, alors même que nous n’avions pas tous les outils à disposition du gouvernement ! 

Loin des débats des plateaux de télévision, la gauche sait unir ses 192 voix pour faire avancer ses idées. À l’Assemblée, la coalition tient. Emmanuel Macron n’a donc pas d’alternative crédible, il doit nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire. 

Pour tenir dans la durée, ce gouvernement devra donc tenir compte de la nouvelle réalité politique : rétablir le barrage républicain, rompre avec la politique macroniste grâce au soutien et à la participation de toute la gauche au gouvernement, et, dès son installation s’en remettre à l’Assemblée, par un vote de confiance afin d’ouvrir le dialogue avec tous les groupes républicains. Une ouverture qui devra durer dans le temps grâce au renoncement au 49-3. 

Un gouvernement de gauche ne peut devenir le gilet de sauvetage d’une politique macroniste sans soutien populaire. Il doit concrétiser en acte et en vote les promesses du 7 juillet 2024 : justice sociale, transition écologique et protection des libertés fondamentales.

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