La Guyane : un territoire français aux enjeux uniques en Amérique du Sud
Située sur le continent sud-américain, la Guyane se distingue comme une collectivité territoriale unique au sein de la République française. Frontalière du Brésil et du Suriname, et baignée par l’océan Atlantique, elle incarne une singularité géographique, climatique et culturelle au cœur de l’Outre-Mer.
Avec une superficie de 83 856 km², la Guyane est la deuxième région la plus vaste de France, mais elle ne compte que 301 099 habitants. Son climat équatorial, marqué par l’alternance d’une saison sèche et d’une saison des pluies, façonne un environnement radicalement différent de celui de l’Hexagone. Ces conditions, exacerbées par le changement climatique, fragilisent des populations aux origines et aux cultures variées, posant des défis majeurs en matière de conservation, de résilience et d’adaptation.
Le territoire est principalement recouvert par 8 millions d’hectares de forêt amazonienne, un poumon vert essentiel, et traversé par un réseau hydrographique exceptionnel : 112 000 km de cours d’eau, dont 35 000 km pour les principaux, et 350 km de côtes. Cette géographie complexe impose une réflexion approfondie sur les politiques publiques, afin de mieux intégrer les spécificités locales et de garantir un développement équilibré, respectueux des écosystèmes et des communautés.

La forêt amazonienne, un massif vivant et exploité très fragile où la moindre érosion est irréversible
Les impacts de l’exploitation aurifère, légale et illégale, restent très néfastes sur les cours d’eau. Ils engendrent une pollution dont l’ampleur reste encore à déterminer. Malgré tout, quelques initiatives émergent en matière de réhabilitation des sites exploités, notamment le projet de restauration Crique Kossoribo.
Ces rencontres ont permis de comprendre les conséquences sur l’environnement des réformes récentes du Code minier : Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, Décret n° 2025-851 du 27 août 2025 relatif aux titres miniers et aux titres de stockage souterrain, Décret n° 2025-853 du 27 août 2025 portant diverses dispositions en matière minière outre-mer et Projet de Loi de simplification de la vie économique n° 758. En particulier, une menace certaine pèse sur le rôle prépondérant de l’ONF dans le cadre des demandes d’exploitation minière (AEX), un titre dérogatoire mis en place pour développer les mines alluvionnaires.
De nombreux problèmes connexes nous ont été rapportés, notamment la pollution au mercure, au plomb, au cyanure, mais aussi l’exploitation de la forêt immergée de Petit-Saut qui menace la population de loutres géantes la plus importante au niveau mondial. La Guyane est aussi en proie aux conséquences de la pêche illégale, qui impacte fortement les communautés locales. Enfin, des enjeux de gouvernance locale ont été rapportés, notamment la représentation des populations amérindiennes et bushinenguée et la coordination entre acteurs.
Un grand merci aux nombreux échanges réalisés avec Monsieur le Préfet, les maires de Cayenne, Macouria et Maripasoula, le Grand Conseil coutumier, la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM), l’Office Français de la Biodiversité (OFB), l’Office National des Forêts (ONF), le Parc amazonien de Guyane, l’Agence Régionale de Santé de Guyane (ARS), l’Office de l’Eau, l’Institut français de recherche scientifique internationale (IRD), l’équipe du barrage EDF de Petit-Saut, France Nature Environnement (FNE), la fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg) et l’équipe du centre spatial guyanais (CNES) et d’Ariane 6 à Kourou qui m’ont ouvert leurs portes et accompagnée lors de mes visites de sites.
Ces échanges fructueux alimentent les recommandations au rapport de la mission.

Focus sur le Lac de Petit-Saut, habitat des loutres géantes.
Cette partie inondée il y a 30 ans par la construction du barrage hydroélectrique par EDF a créé un lac avec des forêts immergées. Aujourd’hui les arbres fossilisés (capteurs du mercure par méthylation et puits de carbone) sont exploités par une société canadienne (TRITON) racheté par Voltalia Guyane. L’inauguration de l’usine est prévue pour le 14 octobre 2025.
Objectif urgent, notamment défendu par l’Association pour la Découverte Scientifique de Petit-Saut et les scientifiques de l’OFB : protéger l’habitat des loutres géantes avant que cette forêt de fossiles très utile au lac ne disparaisse.