Un constat alarmant : des cours d’eau en crise
En tant que co-rapportrice de la Mission d’Information sur l’état des cours d’eau depuis février 2025, j’ai rencontré de nombreux acteurs issus de la société civile, scientifiques et associations, et du monde institutionnel. Grâce à ce travail, en cours de finalisation, je serai en mesure de proposer un certain nombre de recommandations.
Alors que la Directive Cadre sur l’Eau (2000) transposée en droit français en 2004 avait fixé l’attente du bon état écologique pour 2015 (objectif reporté à 2027).
Aujourd’hui, en France, plus de la moitié des cours d’eau ne sont pas en bon état. En IDF, 90% des cours d’eau sont en mauvais état et, en Essonne, aucune masse d’eau n’est en bon état chimique.
Pollutions, modification des tracés morphologiques, barrages hydroélectriques, changement climatique… les cours d’eau subissent de nombreuses pressions anthropiques. La biodiversité des milieux aquatiques est en chute libre. C’est le milieu dans lequel où cet effondrement est le plus fort. De nombreux poissons, notamment migrateurs (truites, saumon) ont disparu.
Un système vasculaire pour les territoires, un rempart contre les crises
Hormis les épisodes d’inondations, nous ne prêtons que peu d’attention aux cours d’eau. Pourtant, ils constituent le système vasculaire de notre pays et déterminent la résilience de tous nos territoires, de nos activités, de notre sécurité et de nos conditions de vie.
Ainsi, ils sont notre robinet d’eau potable, ils fournissent de l’eau pour l’agriculture et l’élevage, ils contribuent à la production d’électricité (hydroélectricité et refroidissement des centrales) et enfin, aux loisirs (pêche, baignades).
Face à la multiplication des évènements extrêmes (inondations, sécheresses), des cours d’eau en bonne santé sont le gage de territoires plus sûrs.
Les cours d’eau constituent un refuge de biodiversité : alors qu’ils couvrent moins de 1% de la surface de la terre, on estime que les écosystèmes d’eau douce abritent environ un tiers des espèces de vertébrés et 10% de toutes les espèces.
Ainsi, la dégradation des cours d’eau a des conséquences très concrètes sur la vie des Français.es
Parmi les leçons apprises au cours de cette mission d’information, une attention particulière doit être portée sur la nécessité de sanctuariser les cours d’eau et leurs réseaux hydrographiques, notamment en améliorant le suivi de leur état chimique et écologique et en engageant une réelle transition de notre modèle agricole. Cela passe aussi par une réforme de la gouvernance de l’eau, l’interdiction de pratiques néfastes (curage, drainage) et le déploiement d’une stratégie de sobriété hydrique. En parallèle, nous avons besoin de massifier la restauration des cours d’eau dégradés, aujourd’hui face à de nombreux blocages (financiers, fonciers, acceptabilité sociale).